De Raimund Depoeder et de ses débuts sur la mer d'Ozimor

De Raymond...

Robuste boucanier de l’île espagnole fréquentant l’île à vache, d’origine Dunkerquoise et ayant fréquentés les indigènes, Raymond Lapoudre passa à la flibuste dans les années 1604-1605 et y connut une gloire éphémère à l’encontre de l’espagnol. Contraint de quitter les indes occidentales, il passa à la côte de la Malaguette, s’accoquinant en ces lieux avec une bande de contrebandiers zélandois. Les années passèrent sans que ne s’efface en lui l’esprit d’aventure, jusqu’au jour où la folie lui prit de s’embarquer clandestinement sur un navire négrier au sein même de son chargement d’esclave. Arrivé en vue de St. Domingue la supercherie fut dévoilée si bien qu’il fut passé par-dessus bord….
Nul ne sut comment il a survécu, mais ne découvrant en ces lieux autrefois chéris que fantômes et désolation, il se résolut de voguer vers d’autres rivage sous une nouvelle identité, s’engageant à bord du premier marchand hollandais en mal de bras.

...à Raimund

C’est probablement par ce biais qu’un jour on le retrouva à Novaris sous le nom de Raimund Depoeder. Il ne fut pas long à mettre la main sur coque de noix et à s’agréger un équipage, en faisant le meilleur usage qu’un aventurier françois boucanier dans l’art, doublé d’un contrebandier zélandois puisse en faire.
Après quelque temps passé à détrousser de modestes pêcheurs, Raimund s’appropria l’épave d’un brigantin qu’il revendit aussitôt un bon prix, jouant des détours que seul la commerçante hollande a d’usages. L’épave revendue aux grés d’un maquillage fort habile, une goélette s’offrit à lui au bord de laquelle il commença de s’aventurer jusqu’à l’ île aux morts. Mais la si la fortune grossissait modestement au gré de ses larcins dont ses hommes se trouvaient fort contentés, la routine en ces lieux s’insinuait bien trop à son gout.

Cap au Nord

Il entreprit alors d’explorer la mer d’Azimor et fit cap au nord, doublant l’île aux Morts, puis la Venteuse, puis celle des Héros. Arrivé à quelques encablures du port de Kallyx, détroussant au passage quelques navires de pêches et de buche, la silhouette d’une goélette se dessina à l’horizon. Elle semblait dans un état pitoyable, et dériver au grès des courants. Intrigué Raimund tira prudemment des bords jusqu’à venir au sien, dévasté, encombré de cordages emmêlés, et de tous le fatras de la désolation. Seul demeurait assis au pied du grand mat, le capitaine, amaigrit jusqu’aux arrêtes, l’œil glauque, et dégoulinant de blessures…
Bien que Raimund fit inspecter « l’Alsace » de la poupe à la proue, rien ne fut trouvé qui fut bon à prendre. Faisant sienne la devise hollandoise qui consiste à ne rien délaisser qui puisse se commercer sur la plus misérable étale du plus misérable hameau du plus misérable rivage, la gène fut donnée au capitaine à barbe blonde. Elle se révéla peu utile à lui rendre la parole et pas plus à le réanimer, mais bien plus à lui faire faire tordre un rictus de douleur qui par bonheur lui révéla une bonne douzaine de dents en or! Telle fut la rançon du capitaine Barbe Blonde qu’on laissa gisant mais quelque peu vivant sur le pont de son navire.

Une course trop loin

Quelques jours passés dans le port suffirent à Raimund pour écouler ses invendus qu'il trainait depuis Novaris, et pour renforcer son équipage. La journée était bien avancée ce jour là, mais la brise de terre lui ouvrit l'appétit et le Het Roken III était désormais bien armé et bien avitaillé, ainsi que la chasse partie duement paraphée. Aussi Raimund jugea-t-il qu'une petite course serait du meilleur aloi, et qu'il aurait bien assez de temps pour revenir mouiller à l'abri du port avant que l'avanie puisse le rattraper.

La première prise ne fut pas longue à se présenter au large de la Grande Dune, sous la forme d'un cotre grassement achalandé. Tant est si bien qu'une fois la marchandise transbordée, on se rendit compte que le Het Roken tirait bien plus de tonneaux qu'il n'en jaugeait. Grisé par le bénéfice d'une si grasse cargaison, Raimund ne s'alarma pas et mis cap au sud. Mais quand la côte d'Ourmos commença de stagner sur l'horizon on dut bien se rendre à l'évidence. A défaut d'écoper une eau que le Het Roken ne faisait point, on passa 4 canons par dessus bord ainsi que les prisonniers.

Péniblement arrivée à une encablure du port la goélette fut brusquement prise dans les vents contraires. C'est de ce moment, fort court mais funestement malheureux, qu'un Brick armée jusqu'au plat-bord d'un foultitude beuglante et mugissante, profita pour fondre sur le Het Roken III. Raimund compris alors que cette course était de trop. Surclassés à un contre six, l'équipage de la goélette se défendit vaillamment, et avant de succomber, passa au fil de leur sabre la moitié de leur comptant d'adversaire. Rendu seul et sans force aucune face à l'avanie et au capitaine Siorac, Raimund, à défaut de comprendre ce qu'un brick armé de 150 hommes envisageait comme gain jusqu'à occir 24 braves flibustiers au prix de 10, ne se douta pas plus du sort que le cruel Siorac envisageait de vilainie à son endroit.

Ce dernier probablement agacé d'avoir autant d'hommes pour si peu de gain, exposa Raimund à la proue de son navire jusqu'au beau milieu du port de Kallyx , en une horrible exhibition que la mémoire ne peut effacer...

Revers, fortune et avanie

Raimund persista pourtant sans grand succès, si bien que par deux fois en une semaine de temps il orna la proue de l’un ou l’autre flibustier hantant les abords de Kallyx, et autant de fois dans le même temps connu l’emprisonnement. Le mauvais œil ne paraissant pas vouloir détourner son regard desa personne, un changement radical s’imposait. Opportuniste et pas maladroit ni du rabot ni du maillet, Raimund, au gré des nombreuses épaves bordant les côtes d’Ourmos ouvrit une petit affaite de recyclage qui s’avèra particulièrement fructueuse, au point de se retrouver rapidement à la tête d’une des 50 plus grosses fortunes d’Ozimor.

Mais Raimund avait beau compter ses doublons et ses pièces de huit, les empiler et les désempiler, dormir dessus où s’y assoir, aucun d’entre eux ne rendait le goût de la course au large. Aussi lorsqu’il récupéra l’épave d’un Brick de fort belle allure, il l’arma a ses frais et repartis en mer. L’île Venteuse qu’il avait entendu dire être profitable fut quelque temps son terrain chasse à la fois paisible et ennuyeux. Ce n’est que lorsqu’il fit son retour à Kallyx les cales pleines jusqu’aux écoutilles, qu’il comprit que les choses pour lui avait changé. Sa tête était désormais mise à prix, et la chose n’était pas pour lui déplaire et rendait même une pincée de sel sur les cendres de son passé… les souvenirs de Sid, de Gordi, de Monstro, de Kuropatkin, du Basané, d’Iron, de la Flabante et de l’île de la Vache sa ravivaient enfin , les noms et les pavillons changeraient, les lieux et les pavillons tout autant mais l’aventure recommençait. Raimund se résolu enfin, une poignée de sel dans la poche gauche, un autre de cendre dans la droite, son vieux fusil de quatre pieds de canon à l’épaule, à hisser lui-même au grand mat du Het Roken Zes les restes du vieux pavillon de cuir, qui jadis trôna sur Le Fumant, et appareilla pour l’île de la lanterne…