Au large de l' Archipel du Serpent, samedi 24 Juillet.
Alors que nous terminions le transbordement des marchandises d’une goélette dont nous venions de nous emparer, un galion apparu à environ six milles au Nord.
Avec encore 105 hommes à bord de notre brick, le capitaine O’Higgins pris la décision de l’attaquer. En approchant, nous nous rendîmes compte que le galion « Nirvana » portait 50 canons soit vingt de plus que « Bouffon du Roy II » et que son équipage était supérieur au nôtre.
Le capitaine décida néanmoins de prendre le risque, tablant sur notre compétence en canonnage pour faire la différence.
L’affaire promettait d’être chaude …. Et elle le fut !
Nous lui expédiâmes six bordées tuant beaucoup d’hommes et lui détruisant onze canons mais « Nirvana » répliquait avec vingt cinq boulets par bordée, du moins au début de l'engagement, qui nous tuèrent pas mal d’hommes mais qui firent surtout de considérables dégâts sur notre brick.
Le capitaine O’Higgins donna l’ordre de monter à l’abordage au moment où notre grand mât passait par dessus bord. Le mât de misaine l’avait précédé peu avant.
Ce fut d’une violence extrême. Les équipages étaient à égalité en nombre et les deux capitaines ont dû haranguer leurs hommes au moins à quatre reprises pour qu'ils n’abandonnent pas.
O’Higgins réussit enfin à se rendre maître du galion. Mais à quel prix !
Il ne restait que vingt sept survivants sur cent cinq et « Bouffon du Roy II » totalement démâté allait couler dans les minutes à venir. Nous eûmes tout juste le temps de tout embarquer sur notre prise. Le capitaine Dorian Moog , bien que grâvement blessé fut exposé à la poupe de ce qui avait été son vaisseau. Après avoir enchaîné à fond de cales les vingt survivants de son équipage, nous avons eu de longues heures de labeur pour réparer le galion avant de pouvoir faire route et nous mettre à l’abri.
En revanche, après un tel carnage, les parts de prise des survivants ont été des parts de lions !